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jeanpouly

Le boom du e-learning, enfin ?


Je finis l’année avec un nouvel anglicisme qui pour une fois est assez mal traduit dans notre langue puisque nous entendons le e-learning comme la formation en ligne alors que l’on devrais traduire littéralement l’expression e-learning par apprentissage électronique, et donc pas uniquement les dispositifs de formation en ligne. En fait pour parler de ce qui recouvre le e-learning on devrait plutôt parler de “online distant learning” ou encore “web based learning”. Personnellement je parlerai de modes d’apprentissage en ligne car nous le verrrons, ils sont très variés.


Quelle est la situation aujourd’hui de ce mode d’apprentissage ? A quoi peut-on se former ?

Après beaucoup d’illusions dans les années 90 et un décollage très laborieux au début des années 2000 ces modes d’apprentissages connaissent un véritable renouveau, avec ce qu’on pourrait appeler le e-learning 2.0. Selon une étude récente les produits et services relatifs à la formation en ligne dépassaient les 32 milliards d’euros en 2010 et représenteront 50 milliards d’euros en 2015. La formation en ligne concerne pour l’instant en grande majorité la formation professionnelle et la formation continue mais elle s’étend de plus en plus à l’université, nous le verrons avec les MOOC et je pense qu’elle touchera aussi la formation de tous les élèves dans un proche avenir.

On trouve des formations en ligne dans tous les domaines : commercial, marketing, ressources humaines, certifications qualité, communication : il n’y a quasiment pas d’exceptions à part peut-être le secteur industriel qui semble plus rétif pour l’instant à ce mode d’apprentissage. Aujourd’hui les très grandes entreprises mettent en place des systèmes de gestion d’apprentissage en ligne (LMS) qui gèrent l’ensemble des formations disponibles, sorte de bibliothèques virtuelles de formations.

Pourquoi cette modalité de formation a t-elle du succès ?

L’e-learning présente en théorie de très nombreux avantages. Tout d’abord, il permet d’accéder à une très grande diversité de contenus, parfois réservés à une élite et ceci à un moindre coût. On peut diffuser des formations en ligne à des milliers de salariés d’un seul coup. Par exemple un process ou une réglementation qu’on veut partager avec tous ses collaborateurs.

Ensuite, on peut se former quand l’on veut et d’où l’on veut, par exemple de chez soi. On fait donc des économies importantes de transport et de temps, comme pour le télétravail.

Et puis on peut enfin apprendre à son propre rythme, avec un enseignement adapté à son profil, à son niveau, à son parcours. C’est ce qu’on appelle la pédagogie différenciée, que l’on a tant de mal à mettre en place dans les classes où un nivellement à tendance à se faire par le groupe. Cette pédagogie différenciée permet notamment à des élèves qui sont plus timides ou plus effacés dans un groupe d’exprimer leurs qualités sans être pénalisé par l’effet du groupe.

On peut également rentrer en contact avec d’autres élèves et se former de façon collaborative en travaillant sur des projets communs de façon distante. Il y a donc une dimension sociale intéressante.Enfin, l’enseignement en ligne est souvent promoteur d’innovations pédagogiques et de pédagogies actives comme la formation participative, l’apprentissage par problèmes, par le jeu, par la résolution de conflits, etc.

Derrière tout ces atouts se cachent forcément certaines limites ?

Très clairement, le principal défaut de la formation en ligne se situe dans sa qualité principale : être virtuelle. On ne peut pas tout faire à distance, cela est bien connu (car la formation à distance existait bien avant Internet !!). Pour répondre à ce problème on assiste au succès de solutions mixtes comme le “blended learning”, une solution qui couple le présentiel et le virtuel. Ensuite, il faut quand même un minimum de matériel et une très bonne connexion car de plus en plus, les plateformes de formation en ligne utilisent la vidéo, la ligne téléphonique, des jeux en ligne. On peut donc avoir une fracture numérique entre ceux qui accèdent à ce pré-requis et ceux qui en sont exclus.

Enfin, il existe comme pour le télétravail de nombreux freins culturels par rapport à l’informatique et la notion d’activité à distance : appréhensions par rapport à la technique, à la motivation, la concentration, l’autonomie, l’auto-apprentissage…

Quelles sont les dernières évolutions ?


Ce domaine est en plein bouillonnement. Le serious gaming dont nous avons déjà parlé et qui est très prisé car ses apprentissages basés sur le jeu sont attractifs et motivants.

Le mobile learning est également en plein boom car le nombre de tablettes et de smartphone explose et ces supports mobiles permettent de se former dans de nombreuses situations de mobilité où l’on perdait du temps, comme par exemple dans les transports en commun. Le mobile learning a également beaucoup d’avenir dans les pays en voie de développement où le mobile est souvent le seul support de télécommunication et représente support d’apprentissage potentiel.

Deux autres innovations assez intéressantes que j’ai découvert récemment à l’Université de Lyon lors d’un barcamp sur les façons d’apprendre autrement

Tout d’abord un concept assez renversant d’enseignement inversé appelé flipped classroom ou classes inversées. Le principe est assez simple, on met en ligne la partie transmissive des cours (protocole, exposé, consigne) avec des vidéos, des cours en ligne en mettant l’élève en action dans une fonction de recherche, d’exploration. Puis on se retrouve en interaction dans une classe réelle où les élèves viennent exposer ce qu’ils ont fait en ligne.

Ce concept repose sur une nouvelle donne : le savoir dispensé ex-cathedra était basé sur la rareté des livres et donc de l’accès aux connaissances. Aujourd’hui, cela n’a plus aucun intérêt car les élèves sont connectés pendant les cours et peuvent trouver l’information, la vérifier. L’intérêt se situe ailleurs, dans le décodage des informations et des connaissances mais aussi dans l’interaction, la stimulation de la curiosité, de la créativité, de l’autonomie et de la responsabilité des élèves.

D’ailleurs cette fin de la rareté des informations et des cours s’incarne également dans le succès fulgurant des MOOC les massive on line courses (ou cours massivement en ligne) où l’on trouve gratuitement les cours des plus prestigieuses universités américaines.

Près de 40 universités comme Stanford ou Princeton sont aujourd’hui regroupées dans une plateforme de MOOC qui s’appelle Coursera et qui revendiquent plus tenez-vous bien Lucie, plus de 2 300 000 étudiants ! De son côté le MIT et Harvard ont 150 000 étudiants inscrits à un seul cours mis en ligne par leur plateforme Edx !!!

Le modèle économique de ces plateformes n’est pas encore trouvé puisque les cours sont totalement gratuits et que seule la certification est parfois payante. Néanmoins ce modèle, très récent est à suivre de près car ces plateforme sont très prisées des employeurs, qui recherchent à recruter directement les meilleurs de ces centaines de milliers d’étudiants inscrits en ligne.

Elles constituent aussi d’une certaine façon un accès plus démocratique au savoir puisque la discrimination financière se réduit.


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