En ces temps de grogne générale sur le prix de l’essence, le télétravail pourrait être une alternative crédible aux coûteux déplacements domicile-travail. Et pourtant, en 2018, près de trois-quart de ces déplacements quotidiens se font encore en voiture !! Malgré l’offre de transports en commun et l’émergence du covoiturage. N’ayant pas (encore) renoncé à notre hyper-mobilité, nous devons payer la très lourde facture de nos déplacements : carburants, entretien des voitures, pollution atmosphérique, perte de temps, congestion endémiques des agglomérations, accidents et j’en passe.
Rappelons qu’une voiture coûte entre 5000 et 7000 euros par an en moyenne et que le salaire médian français est de 1600 euros net par mois. On comprend mieux la tension liée à la hausse de l’essence quand un tiers des evenus servent à travailler !!!!
Au lieu de gérer les conséquences, attaquons nous à la cause !
Transport en commun, co-voiturage, modes doux. Et demain des péages urbains ? une circulation alternée et d’autre mesures restrictives ? Tout ce que nous avons essayé depuis 40 ans n’a pas de grandes incidences sur la situation car nous ne réduisons pas la mobilité. Il est d’ailleurs facile à chacun de constater que lorsque nous nous « démobilisons » un peu, par exemple le mercredi (jour des enfants) ou le vendredi (RTT), les déplacements deviennent d’un coup beaucoup plus fluides.
Incapables de sortir de cette hyper-mobilité, nous aménageons à la marge notre besoin insatiable d’être mobiles sans prendre en compte une donnée essentielle de ce début de 21ème siècle : il est enfin possible pour 4 actifs sur 10 de travailler à distance une partie du temps. La numérisation du travail et l’hyper connectivité rend possible ce miracle. Et pourtant nous n’en profitons que très peu.
Révolution culturelle
Si le recours au télétravail et au coworking est si faible et si lent c’est que nous faisons face à une révolution culturelle. Cela fait 150 ans que le travail est devenu un synonyme du bureau pour des millions d’actifs et il faut du temps pour changer les mentalités, le management, l’aménagement des bureaux, les comportements et méthodes de travail. Si pour de nombreux français, le télétravail n’est pas possible, il est en revanche un levier sous-utilisé pour des millions d’autres et il serait temps que les employeurs se saisissent pleinement de cette opportunité pour motiver leurs salariés, améliorer leur attractivité et leur productivité, faciliter leurs recrutements, réduire leur immobilier, et au passage contribuer grandement à la réduction du réchauffement climatique.
Pour les employeurs qui se posent encore des questions sur comment mettre en place les nouvelles formes de travail, j’animerai une table ronde le 13 décembre 2018 au centre de coworking de la Cordée d’Annecy. S’inscrire sur ce lien.
Jean Pouly
Comments